Salon du livre des Premières Nations : Là où les mots se rencontrent
Le Salon du livre des Premières Nations revient pour une 14e édition!
...« Quand une parole est offerte / elle ne meurt jamais. Ceux qui viendront / l’entendrons » écrivait Joséphine Bacon dans Bâtons à message/Tshissinuatshitakana. Cette image d’une parole qui circule entre les êtres venus pour l’entendre pourrait résumer à elle seule l’esprit du Salon du livre des Premières Nations (SLPN), qui revient du 27 au 30 novembre à Québec pour une quatorzième édition. Plus qu’un événement littéraire, le Salon est un lieu d’échanges, de transmission et de reconnaissance – un véritable territoire de rencontres.
Rencontrer l’autre
Chaque édition du Salon du livre des Premières Nations trace un pont entre les nations, entre les langues, entre ceux qui écrivent et ceux qui écoutent. On y vient pour découvrir la vitalité d’une littérature autochtone plurielle, mais aussi pour dialoguer. Cette année, les matinées « Un croissant avec… », au Café La Maison Smith, offrent des tête-à-tête chaleureux avec Naomi Fontaine, Michel Jean, Virginia Pesemapeo Bordeleau ou Jocelyn Sioui. Ces moments d’intimité littéraire rappellent que la lecture est d’abord une rencontre humaine, où les mots deviennent des mains tendues.
Le colloque universitaire (Re)cartographier les littératures autochtones, qui se tiendra à la Maison de la littérature le 27 novembre, poussera cette réflexion plus loin : comment les œuvres des Premiers Peuples redessinent-elles les délimitations géographiques et symboliques? En écho, les tables rondes et spectacles du Salon poursuivent cette exploration : du dialogue intergénérationnel d’Ondinnok : le désir secret de l’âme à la célébration collective de Tikwarihwahk / Levons le chant, la parole circule, s’élève, se partage.
Rencontrer ses racines
« Si la mise en valeur d’auteurs émergents demeure au cœur de notre mission, nous avons voulu cette année célébrer ceux qui ont tracé la voie, tant au niveau artistique que social. », affirme Louis-Karl Picard-Sioui, directeur général du SLPN. Et ses mots résonnent dans plusieurs activités où il sera question d’héritage et de mémoire. Dans Reconnecter avec ses racines par la plume, Michel Jean, Diane Obomsawin et Jocelyn Sioui évoqueront la manière dont l’écriture permet de retisser des liens, de raconter autrement l’histoire. À travers leurs voix, la mémoire devient vivante : elle ne fige pas, elle inspire.
Cette volonté de transmission s’incarne aussi dans la programmation familiale. Dans les bibliothèques de la ville, les jeunes pourront écouter le conte Tête pleine de feuilles, participer à des ateliers de dessin ou découvrir des personnages autochtones inspirants dans la conférence Nos racines avec Shayne Michael. Autant d’occasions d’éveiller la curiosité, d’apprendre autrement, de comprendre que les histoires peuvent être des racines – et des ailes.
Rencontrer le futur
Le SLPN regarde également vers l’avenir. Avec Le legs, un happening littéraire en futurismes autochtones, les auteurs Marie-Andrée Gill, Isabelle Picard, Louis-Karl Picard-Sioui, J. D. Kurtness et plusieurs autres imaginent un monde post-apocalyptique où la sagesse ancestrale devient boussole. Ce spectacle, accompagné de musique et avec des lectures en ouverture de Katherena Vermette et Domingo Cisneros, affirme ainsi que la littérature est aussi porteuse de résistance et d’avenir.
Le samedi 29 novembre, le Cabaret littéraire Kwahiatonhk! 2025 réunira des voix fortes, comme celles de Naomi Fontaine, Michelle Good ou Julie Pellissier-Lush, pour un moment d’échanges et de lectures enflammées. Cette soirée, rythmée par les mots, le multilinguisme et la musique, est une célébration de la diversité des écritures autochtones, mais aussi des occasions de rencontre entre artistes et publics de tous horizons.
Rencontrer le quotidien
Entre deux spectacles ou conférences, le Morrin Centre accueillera l’Espace Salon Desjardins, un lieu convivial où les visiteurs pourront feuilleter, discuter, faire signer leurs livres et échanger directement avec les autrices et auteurs. C’est dans ces moments informels que se tissent souvent les liens les plus durables.
Rencontrer la création
De nombreux rendez-vous donneront aussi à voir l’art dans toutes ses formes : les ateliers de création de Kaia’tanoron Dumoulin Bush, la classe de maître en animation de Diane Obomsawin, ou encore la conférence culinaire de Lysanne O’Bomsawin rappellent que la culture autochtone est multiple, vivante et évolutive. Leurs gestes, qu’ils soient artistiques ou culinaires, traduisent la même idée : créer, c’est raconter le monde à sa manière.
Une rencontre continue
À travers sa programmation, le Salon du livre des Premières Nations trace les contours d’une littérature en mouvement, entre enracinement et ouverture. Chaque rencontre, chaque livre, chaque parole devient un point de jonction : entre les générations, entre les langues, entre les visions du monde. Et si, au fond, venir au Salon, c’était comprendre tout le sens de ces vers d’Andrée Levesque Sioui :
« Un mot à la fois et nous pourrons nous rencontrer / Sur notre territoire poétique. »
Cet article ne dresse qu’un aperçu de toute la programmation offerte : allez vite faire le tour de l’offre sur le site du Salon du livre des Premières Nations pour découvrir la richesse des activités proposées!
Salon du livre des Premières Nations 2025
Du 27 au 30 novembre, à Québec
Maison de la littérature · Morrin Centre · Salle Multi · Café La Maison Smith · bibliothèques de la Ville de Québec
Programmation complète : https://kwahiatonhk.com/edition-2025/
