La République hip-hop du Bas-Canada
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La République hip-hop de Dominique Sacy: pour une révolution « le fun »

La République hip-hop du Bas-Canada prend l’affiche à Premier Acte du 3 au 21 octobre. Ce premier texte théâtral de Dominique Sacy – un projet aussi surprenant et enthousiasmant que ses autres créations – était pour notre équipe l’occasion idéale de le rencontrer pour découvrir les origines du projet, connaître sa démarche et cultiver l’envie d’aller au théâtre! Nous en avons profité pour obtenir le point de vue de Premier Acte, non seulement sur cette pièce, mais aussi sur ce que propose la relève en théâtre ces temps-ci.

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Publié le : 4 octobre 2023

Alliant le théâtre, la musique et la danse, les comédies musicales ont toujours attiré Dominique Sacy. Alors qu’elles se présentent souvent dans le même format, c’est-à-dire à la Broadway ou en reprise de grands classiques, il rêvait à d’autres possibilités plus éclatées, « des trucs alternatifs, le fun et extravagants », mettant en scène des interprètes d’ici.

 

Bien qu’elles émergent de plus en plus ailleurs dans le monde, aucune comédie musicale rap ne s’était encore faite au Québec, d’après ses recherches. Des États-Unis, il évoque entre autres Hamilton, un opéra rock sur Broadway. La République hip-hop du Bas-Canada s’en distingue de par son aspect un peu plus théâtral, par la présence plus soutenue de dialogues ou de monologues. De quoi réjouir tant les fans de théâtre que de musique!

 

La République hip-hop du Bas-Canada

Omniprésence de la culture hip-hop

La pièce se déroule en 2075 dans un Québec devenu la République du Bas-Canada, fondée par Robert Nelson, du groupe Alaclair Ensemble. Bien que la pièce soit campée dans cet univers, tout est écrit par Dominique Sacy et la musique, créée sur mesure par Simon Veilleux. D’Alaclair Ensemble, sont tirés la prémisse, le contexte historique dans lequel évoluent ses personnages, ainsi que « la culture de groupe, le lexique inventif et la célébration », spécifie l’auteur.

 

La culture hip-hop influence grandement les créations et la vie de Dominique Sacy. La plupart de ses textes en sont teintés, qu’ils soient slamés, racontés ou interprétés. Il évoque le jeu, la créativité et l’improvisation comme des principes clés de sa pièce, qui sont omniprésents dans cette culture : « Il y a des lieux et des moments dans l’Histoire où la culture hip-hop était super importante, par exemple, dans le Bronx des années 70, les gens pouvaient se faire interpeller dans la rue et devoir rapper sur commande. Il fallait improviser avec des rimes toutes prêtes dans tes poches. » La pièce porte ainsi cette essence, laissant par moment une petite marge à l’improvisation.

 

L’équipe dont s’est entouré Dominique Sacy pour ce projet a d’ailleurs été spécifiquement choisie pour sa sensibilité à la culture hip-hop, qui est parfois mal comprise, et sa capacité à l’incarner sur scène. Le rap représentant tout un défi et beaucoup de travail pour les interprètes, il souligne leurs grandes habiletés et leur dévouement. Il mentionne tout particulièrement l’accompagnement et la vision de Simon Veilleux, théoricien ayant veillé à ce que « le flow soit impeccable » en plaçant les accents toniques aux bons endroits, entre autres. Comme les spectacles de musique accordent une grande importance à la conception d’éclairage, cet aspect a été traité avec le plus grand soin. Récipiendaire d’un des Prix Théâtre 2022-2023 pour l’éclairage, Émile Beauchemin, s’est ainsi chargé de la mise en scène. Il est aussi codirecteur artistique et général du théâtre Astronaute, qui coproduit La République hip-hop du Bas-Canada.

 

« Nos indépendances sont toujours à refaire »

– Zack, un personnage de la pièce

Semer la graine de la révolution

Bien que l’histoire se déroule en 2075, Dominique Sacy souligne que tous ses écrits sont autofictionnels, abordant des enjeux qui le préoccupent. L’art peut-il mener à la révolution? « C’est la question à 1 000 000 $ », répond-il en mentionnant y avoir longuement réfléchi avec son mentor d’écriture, Olivier Arteau. S’il est un art qui fait vibrer, qui prend au corps, c’est la musique, selon Dominique Sacy. « Le théâtre peut poser de bonnes questions, amener à réfléchir », d’où l’envie d’allier plusieurs médiums artistiques. Citant Tupac, il ajoute : « Je ne pense pas être celui qui va changer le monde, mais je peux allumer une étincelle dans l’esprit de celui qui va changer le monde ».

 

Ce que Dominique Sacy et ses personnages souhaitent pour le monde: libérer le temps, la tendresse, la bienveillance, un meilleur partage de la richesse. « Si le problème est collectif, il faut le combattre collectivement », souligne l’artiste. La quantité de gens épuisés professionnellement autour de lui est impressionnante, confie-t-il en évoquant la culture du travail, la pression de rester productifs, de ne jamais s’arrêter.

 

« La révolution doit être le fun, si elle n’est pas le fun, elle ne se fera pas. »

– Dominique Sacy

 Théâtre Premier Acte

Du point de vue de Premier Acte

Ce projet, dans lequel il s’est investi pendant 4 ans et demi – « L’équivalent de mon secondaire! », s’exclame-t-il – verra enfin le jour sur les planches grâce au Théâtre Premier Acte, dont la mission est de « favoriser la création et la diffusion de spectacles théâtraux issus de la relève professionnelle de Québec ». Nous avons demandé à son directeur artistique, Marc Gourdeau, de nous dire ce qui l’a intéressé dans la proposition de Dominique Sacy et son équipe.

 

Des comédies musicales rap, on n’en voit pas tous les jours ! En effet, « il s’agit d’une première à Québec dans un théâtre », précise Marc Gourdeau, avant d’ajouter qu’« un tel spectacle peut amener au théâtre un auditoire qui n’a pas l’habitude de le fréquenter ». Comme éléments dignes d’intérêt, il évoque aussi la thématique et la prise de parole, qui semble fréquente chez la relève en théâtre :

 

« La jeune génération, depuis quelques années, propose souvent des spectacles résolument ancrés dans les enjeux sociaux contemporains et sont en ce sens de réelles prises de parole. Aussi, on constate, comme c’est le cas avec La république du hip-hop du Bas-Canada, que ces spectacles sont l’aboutissement d’un travail échelonné sur plusieurs années, ce qui donne des œuvres achevées, matures et solides. »

– Marc Gourdeau, directeur artistique à Premier Acte


Une discussion avec le public est prévue après la représentation du 13 octobre, une occasion rêvée d’entamer cette réflexion collective, d’échanger et de poser vos propres questions à l’équipe derrière la pièce, qui sera accompagnée de Jason Savard, auteur du livre Vrai parler: conversations avec le rap québécois (Ta Mère, 2020).

 

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