Ali Eyal et Julie Picard - Manif d'art 11

Cette année, « la biennale de Québec s’inspire de l’hiver canadien et du sommeil de la terre pour s’intéresser à celui des humains et explorer les nuances multiples de l’éveil ». À L’Œil de Poisson, les expositions présentées à l’occasion de la Biennale, ayant pour thème Les forces du sommeil – Cohabitation avec les vivants, offrent aux spectateurs deux pratiques très différentes, qui génèrent des univers ancrés entre le réel, la transformation de ce réel et le rêve.

Jouant avec ces frontières invisibles, le travail d’Ali Eyal se déploie dans la Grande Galerie comme une immersion dans l’esprit de l’artiste. From the Creases of my Eyelid met en scène une série d’œuvres qui mettent en lumière une fiction personnelle. Fusionnant le surréalisme à l’ordinaire, Eyal évoque des visions chaotiques autour de tragédies, personnelles et collectives, vécues en Irak. Ces apparitions sont lovées dans une forme d’inconscient, où l’éveil et le sommeil se heurtent et s’entremêlent, prennent la forme d’enveloppes, de dessins et de peintures étonnantes. Avec une approche esthétiquement anxiogène et poétique, les œuvres forment ensemble un univers onirique qui rappelle l’importance de se souvenir.

Dans la Petite Galerie, Julie Picard déploie une série de douze cartes météorologiques, comprenant chaque fois la ville de Québec. Prélevées dans les anciennes éditions du journal Le Soleil publiés en 2004, les fragments de cartes sont agrandis et épinglés aux murs de la salle. Soulignant l’urgence climatique actuelle, l’artiste utilise le papier comme matériau pour sa fragilité, qui rappelle à la fois la disparition progressive des journaux en papier et son souci pour l’environnement. Ici, Picard évoque le réel en transformation : changeant selon les saisons et l’évolution du climat, les limites entre les couleurs des cartes permutent et créent de nouvelles frontières, fictives mais bien visibles.