Le trad à Québec : renouer avec ses racines
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Le trad à Québec : renouer avec ses racines

Les sets carrés, les violoneux et la ceinture fléchée sont systématiquement associés aux traditions du temps des Fêtes, du Carnaval de Québec ou de la Fête nationale. Pourtant, lorsqu’on regarde au-delà du kitsch, on découvre un patrimoine résolument vivant, jeune et audacieux. Cassandre Lambert-Pellerin est coordonnatrice au Centre de valorisation du patrimoine vivant (CVPV), une […]

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Publié le : 29 mars 2018

Les sets carrés, les violoneux et la ceinture fléchée sont systématiquement associés aux traditions du temps des Fêtes, du Carnaval de Québec ou de la Fête nationale. Pourtant, lorsqu’on regarde au-delà du kitsch, on découvre un patrimoine résolument vivant, jeune et audacieux.

Cassandre Lambert-Pellerin est coordonnatrice au Centre de valorisation du patrimoine vivant (CVPV), une organisation active depuis plus de 35 ans dans la ville de Québec. Son objectif est simple : démontrer la vivacité des arts traditionnels en investissant différents lieux et contextes, pour les réintégrer dans le quotidien du grand public.

Passionnée par le patrimoine et par sa communauté, Cassandre raconte son expérience personnelle au Village québécois d’antan de Drummondville, où la musique traditionnelle et tout son décorum font vibrer la ville toute l’année durant.

«Je me suis rendu compte qu’avec les traditions, on est capable de faire vivre des choses aux gens. C’est ce qui m’attire. Le côté participatif, la communauté et la collectivité.»
- Cassandre Lambert-Pellerin

Nul besoin d’être connaisseur : qu’on parle d’une chanson à répondre où d’une danse de groupe (dont les mouvements sont annoncés en direct par un calleur), la musique traditionnelle s’adresse à tous. Selon la coordonnatrice, lorsqu’on enlève la chemise à carreaux et la reconstitution historique, on tient quelque chose de vrai avec les arts traditionnels. Il y a des émotions à faire vivre, et surtout, une communauté bouillonnante qui ouvre grand ses bras pour intégrer de nouveaux passionnés.

Malgré toute la volonté des artistes traditionnels à vouloir créer et s’ancrer dans l’actualité, la barrière des générations demeure une contrainte importante pour le CVPV. «Je suis sans cesse confrontée à des commentaires du genre “Ah oui, comme mes grands-parents”. C’est pas juste les grands-parents, c’est encore maintenant! La plupart des gens qui n’ont pas été en contact direct avec la musique traditionnelle ont encore en tête l’image de La Soirée canadienne», déplore Cassandre.

Difficile, mais pas impossible de faire fondre les stéréotypes, puisqu’une fois que le public s’invite à un spectacle traditionnel, le plaisir est garanti, bien loin du décor délavé des sous-sols d’église qui ont popularisé le genre. La clé du succès se trouve au cœur de la participation active que commande bien souvent le patrimoine vivant, mais également dans le renouvellement d’un art qui peut sembler, a priori, figé dans une époque révolue.

La création avant tout

Laisse-t-on suffisamment de place aux traditions sur les plateformes médiatiques actuelles? Cassandre souligne divers obstacles : «On doit travailler à travers le filtre des médias qui en parlent beaucoup comme d’une tradition figée, qui n’évolue pas. La musique traditionnelle ne passe pas à la radio en dehors du jour de l’An. Pourtant, elle est aussi diversifiée que le blues, que le jazz. On a des influences de partout!»

À l’extérieur des chansons existantes du répertoire traditionnel, plusieurs musiciens québécois font preuve de beaucoup d’audace dans la composition et les arrangements de leur musique, de même que dans le choix des instruments. De plus en plus, le milieu traditionnel est empreint d’une volonté de recherche et d’exploration, alors qu’une nouvelle génération amène de nouvelles propositions, comme le font Bobelo, É-T-É ou Les Poules à Colin. Un grand vent de renouveau souffle sur les traditions et invite le public à entrer dans la danse.

Dans cette mouvance de décloisonnement, les salles de spectacle et les festivals destinés au grand public font de plus en plus de place dans leur programmation aux concerts trad, ce qui constitue un grand pas vers l’avant pour le milieu. À nous, maintenant, d’inviter cette musique dans notre quotidien.