La 33e édition du festival les Rendez-vous ès TRAD accueille Doyun Park

Du 11 au 14 octobre prochains, la musique trad, le chant, la danse et l’artisanat prennent d'assaut le Domaine Maizeret lors de la 33e édition du festival les Rendez-vous ès TRAD! Le public, expert comme néophyte, est invité à venir vivre l’expérience en famille, en groupe d’ami.e.s ou en solo. Parmi l’offre généreuses d’activités, vous pourrez notamment rencontrer Doyun Park : une médecin américaine originaire de la Corée du Sud, passionnée de musique traditionnelle québécoise, avec qui Ose.média a eu le bonheur de s’entretenir. 

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Publié le : 9 octobre 2024

Avant de plonger dans la fascinante histoire de Doyun Park, autorisons-nous à vous rappeler rapidement quelques moments phares du festival qui vous attendent. Tout d’abord, il faut souligner l’après-midi dédiée à la danse contra américaine, avec Tina Anderson au call, Martin Aucoin et Mathieu Baillargeon. Une danse amusante et facile à apprendre, qui ralliera la joie des cœurs! Mettez également à votre horaire l’apéro conté du 12 octobre, 17 h, où Yolaine et Denis Marchand vous en mettront plein les oreilles, des histoires pleines d’imagination ou d’émotions. Durant toute la fin de semaine, de 13h00 à 16h00 à la Chapelle, vous pourrez admirer l'œuvre de fléché d’art Tendre réconfort, signée Catherine Lessard. « Un moment de grâce suspendu dans le temps, », en dit-on. Le tout est accompagné d’ateliers de tricot et de tissage. La culture wendat s’invite également à la fête le samedi : avec Dominic Ste-Marie, toute la famille est invitée à écouter des chants traditionnels et un légende qui met en scène la mythologie wendat. Aussi, il ne faut pas oublier la randonnée chantée, ainsi que la balade commentée sur le patrimoine naturel, avec Mario St-Germain, guide et interprète de la faune de la flore québécoise. Un match d’improvisation en mode joute chantée est aussi prévu, de même qu’un atelier de répertoire avec Normand Miron et bien d’autres activités! Visitez le site des Rendez-vous ès TRAD pour tout connaître! 

 

Doyun Park: la découverte d’une passion
Violon en mains, sourire au lèvres, Doyun Park prend part à notre appel en visioconférence avec une vivacité qui déborde de jeunesse. Le parcours de la jeune femme impressionne déjà : elle a vécut jusqu’à 13 ans en Corée du Sud avant de déménager aux États-Unis, où elle y est devenue médecin, spécialisée en hématologie et en oncologie. Mais aujourd’hui, elle fait partie des têtes d’affiche des Rendez-vous ès TRAD en sa qualité de violonneuse qui peaufine son répertoire depuis cinq ans, et ce, auprès des plus grands.

Celle qui avait un bagage classique comme musicienne s’adonnait au blue grass et à la musique d’origine irlandaise, sans toutefois être convaincue qu’elle y avait réellement découvert sa voie. Mais, alors qu’à l’été 2019 elle fait la rencontre d’Éric Favreau, dans un camp de violons au Maine, elle ressent que quelque chose de grand vient de la toucher. « Je l’ai observé jouer et j’ai trouvé son son des plus intéressant; un son avec beaucoup de contact et de friction entre les cordes et l'archet, ce qui est généralement déconseillé dans la musique classique. C’était très rythmé, dansant, et cela m’a immédiatement attirée. Je n’avais jamais rien entendu de tel auparavant! Je lui ai demandé de m’expliquer ce qu’il faisait avec son archet et il n’a pas compris ma question. Pour lui, il ne faisait rien de particulier: car, comme pour beaucoup de violoneux, leur façon de jouer est très intuitive. » 

Ainsi, c’est cette rencontre qui posa la première pierre du parcours de Doyun Park vers l’apprentissage de la musique traditionnelle québécoise. 

« Ce qui me plaît dans cette musique, c'est la musicalité, la joie qu'elle inspire. Je travaille comme hématologue oncologue, et, à l'époque où j'ai découvert la musique québécoise, je vivais énormément de stress - je travaillais avec des patients gravement malades, atteints de leucémie et de lymphome, qui avaient besoin de greffe de moelle osseuse. J’avais ainsi besoin de quelque chose qui arriverait à diluer mon stress, qui m’apporterait de la joie et de la détente. » Et, grâce à sa rencontre avec Éric Favreau, elle avait enfin trouvé à s’alléger le cœur.  

À son retour à New York, où elle vivait à l’époque, elle a déniché un petit groupe de violoneux, également passionnés de musique québécoise, au sein d’un groupe qui s’adonnait à de l’improvisation musicale de style irlandais. C’est ainsi d’abord avec eux qu’elle commencé à apprendre de nouveaux morceaux et à construire son répertoire. 

S’en sont suivis un premier voyage au Québec en février 2020, où elle a assisté à des jams, puis des cours en ligne avec d’autres violoneux. « Il y a un groupe d'Américains passionnés qui animent chaque semaine une séance zoom de musique traditionnelle québécoise et j'ai continué à m'y présenter chaque semaine pendant la pandémie (je le fais encore aujourd'hui d'ailleurs). J'y ai rencontré un homme nommé Guy Bouchard - il est un ancien membre de Bottine Souriante et un formidable porteur de tradition qui a collectionné et diffusé de nombreux airs devenus célèbres! - qui m'a entendu jouer et qui y a vu du potentiel. Il m'a dit, ‘’ok tu mets l’accent sur toutes les mauvaises notes, mais tu sembles avoir du potentiel donc je vais t'apprendre à jouer correctement.’’ »

À partir de ce moment-là, elle a commencé à prendre des leçons de nul autre que Guy Bouchard, qui, nous explique-t-elle, l’a traitée dès le début comme une égale. « Il est de loin mon plus grand mentor. Avec son épouse, Laura Sadowsky, il m'a généreusement invitée chez lui et j'ai appris en jouant le répertoire gaspésien avec lui et son orchestre de Douglastown [village de Gaspésie] » Il a partagé avec elle ses histoires, l’a encouragée à écouter des enregistrements d'archives pour apprendre directement de ces anciens enregistrements. Une mine patrimoniale d’une extrême richesse! « Je peux dire que pour presque chaque morceau que j’ai appris, je me suis assuré d’écouter la source d’archives originale afin de pouvoir apprendre le groove du violoniste d’origine et comment il était joué il y a 50 à 60 ans. Puis, au fur et à mesure que je développais mes compétences et mon répertoire, j'ai commencé à trouver mes propres façons de le jouer et j'ai essayé de développer mon propre talent artistique. »

Le trad québécois a un petit je-ne-sais-quoi
Doyun Park nous explique également que ce qui la rejoint autant dans la musique rythmée du trad québécois, c’est qu’elle soit étroitement liée à l’acte de danser. Elle qui est aussi une grand amatrice de ballet en a eu la révélation en regardant la troupe du New York City Ballet, fondé par George Balanchine, qui porte à la fois le chapeau de chorégraphe et de metteur en scène et qui a la particularité d’encourager ses danseurs à être simplement des vaisseaux pour la musique : « Sa chorégraphie ne contient souvent aucun scénario, ce sont simplement des danseurs répondant à la musique. De plus, ses œuvres durent souvent 10 à 15 minutes seulement, soit des durées beaucoup plus courtes que des ballets narratifs de 2 à 3 heures, ce qui est bon pour ma capacité d'attention [rires]. Je pense que mon amour pour Balanchine et NYCB partage un point commun avec ce qui m’a attirée vers la musique québécoise, car c’est à ce moment-là que j’ai réalisé à quel point la relation entre la musique et la danse était vraiment intime.

Sa curiosité - et, osons avancer que sa personnalité pétillante et sa façon de créer facilement des liens y est pour quelque chose - et ses efforts ont mené Doyun Park jusqu’ici. Et, par ici, on entend le Domaine Maizeret de Québec, où elle se produira en spectacle le 11 octobre, 20 h, aux côtés d’Olivier Soucy (Le Chauffeurs à pieds) pour partager leurs découvertes et amour du répertoire québécois. Le 13 octobre, elle prendra part à l’audacieuse proposition qu’est celle des Trios éphémères: un nouveau groupe est créé par la magie d’une pige à l’aveugle et un nom est attribué à ce nouveau trio - nom qui deviendra la ligne directrice de ce qu’ils devront ensuite produire sur scène pour le plaisir du public! 

 

Un festival ouvert à tous
Cassandre Lambert-Pellerin, directrice des communications et des partenariats du Centre de valorisation du Patrimoine vivant, qui organise le festival, rappelle que la musique trad à toujours la cote, et ce, partout à travers le monde. « Peu importe ton âge, ton look, ton genre: le milieu trad t’accueille! », nous dit-elle. D’ailleurs, beaucoup de gens viennent seul au Festival: c’est qu’il est coutume, notamment dans la soirée de danse trad, de se trouver un.e partenaire directement sur place. « Les gens viennent seuls, mais ne restent pas seuls, explique-t-elle. Ils viennent rejoindre des amis sur place, ils viennent s’en faire des nouveaux. Le principe même du patrimoine vivant, c’est la transmission : si y’a pas de nouveau monde, y’a pas de transmission! »!

Notez que plus de la moitié des activités proposées sont gratuites et que l’accessibilité de la programmation importe aux organisateurs: ainsi, des prix spéciaux sont offerts aux membre ès TRAD, aux étudiant.e.s et pour le 12 à 17 ans, tandis que les enfants de moins de 12 ans viennent s’y amuser gratuitement! 

Curieux et curieuses de découvrir cette édition prometteuse et de rencontrer Doyun Park? Visitez la programmation de la fin de semaine et préparez-vous à dégourdir vos jambes, vos voix et vos esprits!