Collaboration et interdisciplinarité : l’exemple de l’Île inventée
Les artistes et les organismes culturels se tournent de plus en plus vers la collaboration et le mélange des disciplines, pour le plus grand plaisir du public, qui peut ainsi en découvrir et en apprécier davantage.
...Cette idée de collaboration et de maillage des disciplines est dans la nature même des Productions Rhizome, qui célèbre cette année ses 20 ans d’existence. L’organisme s’est donné pour mission, dès ses débuts, de décliner des oeuvres littéraires sous diverses formes : performances, installations, spectacles.
L’Île inventée en est un bel exemple. Comment raconter ce projet fou dont les déclinaisons sont multiples? Il s’agit d’une coproduction de Rhizome et d’Arkham sur Loire, en France, qui se décline en plusieurs volets et implique de nombreux partenaires. Décrit comme étant transatlantique et transmédia, il étire plusieurs frontières, notamment celle entre la réalité et la fiction.
La prémisse est la suivante: des archéologues ont mis au jour des bulles sonores enfouies dans la terre. Ces témoignages d’une communauté évoluant sur une île en communion avec la nature permettent de détailler son univers fantastique et d’imaginer son quotidien. On y rencontre des personnages comme Alcide Lachance, un botaniste québécois s’adonnant à l’hybridation de plantes. Cette activité l’aurait vraisemblablement mené à cofonder l’Île inventée en 1860 avec une journaliste nantaise nommée Charlotte Sémaphore.
Le projet L’Île inventée prend ainsi la forme d’une enquête se déployant sur plusieurs années afin de colliger un maximum d’artefacts mettant à profit les talents de multiples artistes d’Europe et du Québec par la création de contes, d’illustrations, de cartes et plus encore, autant de preuves que cette Île a bel et bien existé!
Livres
L’autrice québécoise Christiane Vadnais insiste: elle n’a fait que colliger les témoignages pour écrire L’Île inventée, livre publié par Rhizome. C’est par fragments agrémentés d’illustrations que cette utopie est racontée à travers les yeux et les oreilles d’Andsie Lou, l’une des insulaires, qui comme par hasard, mène aussi une enquête.
Un deuxième livre vient ajouter, on s’en doute, encore plus de détails à ce monde fabuleux et le pousser toujours plus loin. Il s’agit de Contes des Estuaires réunissant L’herbier des émotions par Maxime Labat et Delphine Vaute ainsi que les 8 contes sonores produits par La Quadrature, qu’on peut entendre dans la série de balados.
Balado
Ayant pour titre Cosmogonie de l’Île inventée, une série de 8 balados raconte d’une autre façon cette histoire rocambolesque en y ajoutant une couche de vraisemblance. Dans ces entrevues menées (ou pas) par Simon Dumas et ponctuées de contes et de diverses interventions, Christiane Vadnais nous y explique en détails de quoi il retourne. Il y est notamment question du mythe fondateur de l’Île, de ses rites funéraires bien particuliers et de « microalgues bioluminescentes productrices d’énergie ». Cette série réalisée en collaboration avec La Quadrature est également diffusée sur les ondes de CKIA.
Exposition
Les « cartes, illustrations, enregistrements audios et divers artefacts rapportés de l’Île par des archéologues intrépides » sont exposées jusqu’en décembre à la Maison natale de Louis Fréchette.
Plus à venir
Vous avez pu le constater: Rhizome s’étend partout et la collaboration est au cœur de ses activités. Parmi ses nombreux projets, se trouve notamment la coproduction de We are shining forever à la recherche de l’entrée du Royaume des morts avec le Théâtre Carte blanche. Cette adaptation par Mathieu Arsenault de son livre La morte se situe à mi-chemin entre concert, théâtre et performance littéraire. Elle sera présentée au Périscope du 16 au 26 novembre.