La trajectoire des confettis: d'un roman jusqu'à la scène

Du 23 avril au 17 mai, le théâtre Le Trident présente l’ambitieuse pièce La trajectoire des confettis, adaptée du roman de Marie-Ève Thuot par Sophie Vaillancourt-Léonard. Cette dernière, titulaire d’un baccalauréat en littérature et d’une maîtrise en études théâtrales, a accepté de répondre à nos questions pour lever le voile sur cette branche de l’art scénique: prendre la forme romanesque d’autrui pour la transposer sur les planches.  

La trajectoire des confettis propose une réflexion, qui prend la forme d’une saga familiale sur plusieurs décennies, sur ce qui forge les liens humains : l’amour, le sexe, la procréation, la fraternité. Car chacun, chacune, au final, suit sa propre trajectoire, qu’elle soit imposée ou délibérément choisie.

Vous occupez le poste de coordonnatrice des communications pour le Trident depuis 2019. Comment en êtes-vous arrivée à faire un pas de côté dans votre carrière et à signer votre première adaptation théâtrale? Est-ce que le fait de travailler pour ce théâtre vous a influencée dans votre façon d’écrire pour la scène?
La proposition est venue directement du Trident, jamais je n'aurais osé initier un tel projet! Je n'ai donc pu qu'accepter et me lancer dans l'aventure. Si j'écris déjà, à temps perdu, entre mon travail aux communications du Trident et ma vie de maman, jamais je n'ai eu de projet d'écriture de si grande envergure. Et que celui-ci soit au Trident ou ailleurs, je ne crois pas que ça ait pu influencer le travail de quelconque manière, c'est plutôt le livre de Marie-Ève Thuot, l'imposante distribution et la vision de la metteure en scène et de moi-même qui auront dirigé l'écriture!

Selon votre expérience avec cette adaptation, qu’est-ce que le théâtre permet de dire ou de montrer que le roman ne permet pas?
L'art vivant fait économiser beaucoup de mots! L'émotion que l'on décrit sur plusieurs paragraphes dans un roman peut être saisie en un seul regard. Et c'est ce que j'ai tenté de faire le plus possible : ne dire que ce qui est essentiel et laisser les interprètes vivre et faire vivre le reste!

Tous ceux et celles qui ont lu le livre de La trajectoire des confettis se demanderont comment il vous a été possible de faire des choix, de faire entrer ce foisonnement de personnages et de réflexions, qui tient dans un roman de près de 700 pages dans une pièce (de 3h20). Quel a été votre approche pour y parvenir?
Il est très vertigineux de se lancer dans une telle tâche. Je me suis d'abord imprégnée du livre lui-même, en le relisant 3 fois. Puis, je me suis détachée de l'objet tranquillement en écoutant plus de 5 fois la version audio de 17h. Rapidement, des choses sont devenues évidentes, tant dans ce qui devait absolument rester que dans ce qui pouvait « tomber ». J'ai choisi de me concentrer sur la trame des quatre frères et des femmes qui les entourent. Certaines trames pouvaient à ce moment-là être occultées, sans influencer la suite. Ceci dit, il y a autant d'adaptations possibles qu'il y a de gens sur terre! Tout le monde peut l'aborder différemment; l'important dans le processus est de ne jamais perdre de vue le chemin choisi, et de toujours, toujours servir le spectacle. Même si une scène est très belle, si dramatiquement elle n'amène rien de nouveau, elle tombe! 

Comment avez-vous abordé les différentes époques représentées dans le récit? Est-ce que la mise en scène vous a aidée à les faire cohabiter, ou cela a-t-il posé des défis?
Je dirais que le défi s'est surtout retrouvé dans la mise en scène, plus que dans l'écriture. Faire cohabiter les époques sur papier et scène par scène, ça va. Mais rendre les transitions crédibles, douces et naturelles sur scène est tout un art. Danielle Le Saux-Farmer et les concepteurs ont su trouver plusieurs solutions afin de faire sentir le passage du temps (vers l'avant ou l'arrière!) de manière prodigieuse. C'est la magie du théâtre!

L’oeuvre aborde des sujets délicats comme le sexe, l’amour, la morale. Est-ce qu’il y a eu des scènes particulièrement sensibles à traiter pour la scène?
Le Trident fait affaire avec une directrice d'intimité lors de spectacles impliquant des scènes d'intimité. Ça change beaucoup de choses et ça rend tout ça beaucoup plus facile à jouer, à aborder et à recevoir comme public. Il aurait été impossible de rendre certaines trames sans l'intimité qui les composent, il fallait donc ne pas les contourner, mais décider comment les rendre. 

Selon vous, quel est le message que porte La trajectoire des confettis et que vous souhaitez que les spectateurs retiennent?
Je crois qu'une œuvre aussi grande touche les gens là où ils peuvent, veulent être touchés! Pour moi, les Confettis est une histoire de l'Amour, des Amours. De celui qui nous lie entre humains, entre frères, entre mère et enfant, entre amoureux et amoureuses, entre ami·es, etc. C'est un hymne aux liens que l'on tisse toute notre vie, à ceux qui sont venus avant et nous ont menés là où nous sommes, et à ceux que nous tissons pour ceux qui nous suivent. Aimons-nous pour ce que nous sommes, et malgré ce que nous sommes! 

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Pour poursuivre la réflexion sur les adaptations de roman au théâtre, la Maison de la littérature vous invite à une table ronde le mercredi 30 avril, 19h. Les invitées seront Marianne Marceau, Marie-Ève Thuot et Sophie Vaillancourt-Léonard, et le tout sera animé par Olivier Arteau, codirecteur général et directeur artistique du théâtre du Trident.

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