Amélie Bergeron : l’importance d’être là pour le jeune public
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Amélie Bergeron : l’importance d’être là pour le jeune public

Pour la Journée mondiale du théâtre 2021, notre équipe présente un entretien avec Amélie Bergeron, autrice, comédienne, metteure en scène et directrice de la programmation pour le Théâtre jeunesse Les Gros Becs.

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Publié le : 27 mars 2021

BALADO – Écoutez le 2e épisode de la série balado #NOUSLETHÉÂTRE mettant en vedette Amélie Bergeron!

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Disons-le, les amateurs et les amatrices de théâtre sont privilégiés dans les régions de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches. D’ailleurs, Québec, où sont concentrés plusieurs lieux de diffusions spécialisés, est souvent décrite dans comme une ville de théâtre. Il va sans dire que les périodes de confinement liées à la pandémie ont eu un impact important sur l’offre théâtrale des scènes d’ici. Et la programmation destinée au jeune public, ce qui inclut les familles et les écoles, n’y fait pas exception.

Dans le cadre de la Journée mondiale du théâtre 2021, notre équipe vous propose une série d’articles et de balados pour vivre le théâtre autrement et découvrir ceux et celles qui l’animent! Nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec Amélie Bergeron pour jaser de création jeune public.

Quelques mots sur notre invitée

Diplômée du programme de Mise en scène et Création du Conservatoire d’art dramatique de Québec en 2012, Amélie Bergeron est autrice, comédienne et metteure en scène. Impliquée depuis une quinzaine d’années en théâtre jeune public, elle occupe depuis 2018 directrice de la programmation au Théâtre jeunesse Les Gros Becs.

Amener le théâtre dans la cour du spectateur

Amélie Bergeron, vous êtes directrice de la programmation au Théâtre jeunesse Les Gros Becs, un lieu qui est toujours extrêmement vivant! Très fréquenté durant la semaine par les groupes scolaires, le théâtre l’est tout autant durant la fin de semaine avec la présence des familles. Or, cela devait être bien silencieux depuis les douze derniers mois. Heureusement, il est possible de reprendre depuis peu les spectacles en salle. Quand vous regardez le fil des événements de la dernière année, de quelle manière l’avez-vous vécu comme directrice et aussi comme artiste?

Amélie Bergeron : Si on parle de façon plus spécifique du théâtre, la dernière année s’est passée en dehors des murs. On n’a pas accueilli de jeune public au théâtre sur la rue Saint-Jean. Par ailleurs, on a trouvé des moyens pour aller vers les familles.

Par exemple, l’été dernier, on a présenté les initiatives qu’on a appelé Théâtre de parcs et de balcons. Cela se déployait dans les parcs un peu partout dans la ville de Québec pour aller faire de courtes performances théâtrales gratuites aux familles de manière impromptue et improvisée. L’idée était d’éviter les regroupements.

Ensuite dans les écoles, on a mis en place tout un volet d’ateliers de médiation culturelle offerts à distance. Des initiatives qu’on pouvait aller faire en classe ou à l’école quand les mesures nous le permettaient.

«[…] on a trouvé des moyens pour aller vers les familles.»
– Amélie Bergeron

La programmation d’une saison théâtrale se prépare à l’avance. C’est le travail d’une année et même plus encore. Au moment de l’annonce de la fermeture des salles en mars 2020, comment avez-vous réagi?

Amélie Bergeron : Dans ce contexte particulier, on a travaillé fort pour garder le lien avec nos publics, pour essayer d’être là pour eux et rester dans leur esprit. C’est la même chose pour les écoles, on a vraiment une relation très forte qu’on veut maintenir. On veut rester à leur service en quelque sorte en leur apportant des outils et des projets culturels même quand c’est plus difficile. Donc, pendant cette année, on n’a pas chômé du tout! On a travaillé très fort avec toute l’équipe.

C’est impressionnant tout le travail accompli. Qu’est-ce qui vous animait?

Amélie Bergeron : On a fait comme tout le monde et on s’adapte. Quand la pandémie a été déclarée, la saison 2021 au Théâtre Les Gros Becs était établie. On était en train de préparer la brochure et les outils d’accompagnement pour les pièces. On s’apprêtait à lancer ça au printemps comme d’habitude. Et là, ouf! Tout ça disparaît.

À titre de directrice de programmation, je suis en relation avec beaucoup d’artistes et de compagnies de théâtre partout au Québec et même au pays. Cela m’a permis d’établir un plan de match pour la saison et donc d’être prêt à repartir les représentations dès qu’on serait en mesure d’accueillir du public en salle. Donc, notre programmation en salle est confirmée depuis l’automne dernier. On ne l’avait pas annoncé au grand public, car on ne pouvait pas accueillir les spectateurs.

Il faut savoir que sur le plan administratif, les annulations, les reports et les programmations, c’est beaucoup de logistique et de gestion. Et c’est contreproductif. On préférait être prudent pour garder notre énergie pour la création!

Mettre l’épaule à la roue pour soutenir le milieu théâtral

Le Théâtre jeunesse Les Gros Becs est non seulement un lieu de diffusion spécialisé en jeune public, il est un acteur clé auprès des créateurs de la scène théâtrale. Est-ce qu’on sent une pression supplémentaire dans ces circonstances?

Amélie Bergeron : Jean-Philippe Joubert (directeur général des Gros Bec) et moi avons retravaillé le budget pour faire en sorte de réaliser des projets. Et notre équipe est au rendez-vous, s’adapte et a été très investie.

Il faut rester vivant pour notre public, mais aussi pour le milieu. On a donc accueilli des artistes en résidence chez nous pendant toute l’année.

Est-ce que cela a eu des retombées inattendues?

Amélie Bergeron : Oui! On en a profité pour stimuler la venue d’artistes dans la création jeune public. On a offert une formation de dix jours consécutifs avec Louis-Dominique Lavigne — codirecteur du Théâtre de Quartier, scénariste, metteur en scène, animateur et comédien, formé en interprétation au Conservatoire d’art dramatique de Montréal, il est l’auteur de plus de cinquante pièces de théâtre autant pour les jeunes publics que pour les adultes (source Dramaturges Éditeurs) — incluant un stage intensif d’écriture, puis de danse.

Les participants étaient des artiste qui se lançaient pour la première fois, se lançaient. On a senti qu’on pouvait être un moteur pour éveiller un intérêt pour la création jeune public, pour voir à quel point c’est un public extraordinaire, à quel point il y a de la liberté dans ce type de création là.

Transformer les processus de création

Amélie Bergeron, au-delà de votre rôle de directrice de programmation, de quelle manière la pandémie vous affecte-t-elle au plan artistique?

Amélie Bergeron : Comme artiste, j’ai eu l’immense privilège d’avoir aussi des projets comme la mise en scène de la pièce Les barbelés d’Annick Lefebvre au Trident, avec une mise en lecture à la Bordée pour la pièce Les Muses orphelines, avec un autre projet que je prépare à l’extérieur de Québec avec les témoignages de 800 vétérans des Forces armées et leurs proches.

Donc, j’ai pu créer. Cela dit on doit s’adapter énormément dans nos pratiques de création. Il y a beaucoup de réflexes qu’il faut retenir. On ne peut pas s’approcher les uns des autres. On ne peut pas se toucher alors que le sens du toucher, la proximité participent énormément à la création.

Il faut trouver d’autres avenues. On ressent certaines frustrations, mais au moins on peut quand même le faire. On arrive alors à découvrir d’autres facettes.

 

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