Lièvres et renards sur forêt de papier, Frédérick Tremblay

Lièvres et renards sur forêt de papier
Personnages et décors d’un film d’animation
Lièvres et renards sur forêt de papier est une exposition qui met en scène une sélection de décors et personnages issus du plus récent court-métrage d’animation de Frédérick Tremblay, La mort d’une renarde. Se déployant dans un microcosme où lièvres et renards – proies et prédateurs – partagent hostilement leur territoire, ce sombre récit relate la tragédie d’une hase, ostracisée par les siens lorsqu’elle fait preuve de compassion envers un renardeau devenu orphelin. Trois ans durant, Frédérick a su à lui seul construire et cultiver cet univers sensible en s'affairant diligemment aux étapes nécessaires à l'aboutissement de la phase de production du film : scénarimage, fabrication et tournage image par image. Ses efforts se sont soldés en un métrage de 19 minutes 30, riche d’une vingtaine de marionnettes articulées et d'une dizaine de décors et environnements foisonnants, qui verra officiellement le jour en 2026.

Lièvres et renards sur forêt de papier nous sert un fragment des vestiges matériels de La mort d’une renarde. Ces éléments sont ici transposés en cinq tableaux qui, par le biais d'une réinterprétation de certains passages du film, visent à mettre en lumière le labeur tangible du cinéaste d’animation. Tous les personnages, accessoires et environnements qui y figurent, aussi abondants en nombre qu’en couleurs et en formes, ont en commun une caractéristique notable : leur texture. Cette similitude formelle découle de l’approche technique de Frédérick, développée au gré de ses productions et qui aborde le ruban à masquer comme matière première à la fabrication des composantes matérielles de ses films. Appliqué un morceau à la fois, cet habillage devenu signature visuelle confère une forte singularité à son travail tout en préservant son apparence résolument bricolée.

Délicats, ouvragés de détails infimes et de textures uniques, les personnages et décors de La mort d’une renarde ont jadis été le digne véhicule de ce dur récit, qui, dans toute la finesse de sa narration, oscille habilement entre douceur et cruauté. Désormais extirpés de l'atelier d'artiste et de son hermétisme inhérent, ils se révèlent en Lièvres et renards sur forêt de papier dans une proximité inédite toute favorable à leur contemplation.