Rosie Belley : démultiplier les rencontres autour d'une oeuvre théâtrale
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Rosie Belley : démultiplier les rencontres autour d'une oeuvre théâtrale

Pour la Journée mondiale du théâtre 2021, notre équipe présente un entretien avec Rosie Belley, responsable des projets spéciaux et de la médiation culturelle au Théâtre La Bordée.

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Publié le : 6 avril 2021

BALADO – Écoutez le 4e épisode de la série balado #NOUSLETHÉÂTRE mettant en vedette Rosie Belley!

Vous avez manqué les épisodes 1-2 et 3 du balado #NOUSLETHÉÂTRE avec Mélanie Robinson, Amélie Bergeron et Claude Montminy? Vous pouvez les écouter! Épisode 1  Épisode 2  Épisode 3

À la question «qu’est-ce que la médiation culturelle», il se pourrait que la réponse vous soit inconnue. Toutefois, il est fort probable que vous en ayez fait l’expérience. Généralement effacée derrière un moyen ou une activité, l’expression «médiation culturelle» est apparue, selon Wikipédia, au milieu des années 1990 en France pour désigner de nouvelles formes de relations entre les publics et une oeuvre. Au théâtre, il peut s’agir d’une discussion conviviale avec les comédiens après la présentation d’une pièce, d’une exposition d’un artiste en arts visuels dans le hall d’une salle de spectacle ou encore du projet d’écriture d’un auteur avec des élèves du secondaire.

En somme, la médiation culturelle permet au public de vivre le théâtre autrement. Le projet Foule, qui propose notamment une immense murale géante extérieure sur le bâtiment du Théâtre La Bordée, en est un bel exemple.

Dans le cadre de la Journée mondiale du théâtre 2021, notre équipe vous propose une série d’articles et de balados pour vivre le théâtre autrement et découvrir ceux et celles qui l’animent! Notre équipe a eu le plaisir de s’entretenir avec Rosie Belley pour jaser de de médiation culturelle et du développement des publics.

Quelques mots sur notre invitée

Issue du baccalauréat en mise scène et dramaturgie de l’Université Laval, Rosie Belley travaille actuellement au Théâtre La Bordée à titre de responsable des projets spéciaux et de la médiation culturelle, un emploi qui combine de belle manière ses intérêts pour la production et la création. En parallèle, elle collabore auprès de jeunes compagnies de théâtre, siège sur le conseil d’administration de la compagnie Théâtre Rude Ingénierie à titre de vice-présidente et sur celui de la CDEC de Québec à titre de présidente.

Créer des ponts entre l’art et le public

Avant de lancer notre discussion, pourriez-vous vous expliquer en quelques mots quel est votre rôle de responsable des projets spéciaux au Théâtre La Bordée?

Rosie Belley : Oui, avec plaisir. C’est un peu nébuleux pour certaines personnes. Moi, je me considère comme une chargée de projets à La Bordée et mon mandat est assez large. Généralement, je travaille autour des activités périphériques de l’abonné, que ce soit des rencontres avec le public ou un encore un projet comme la murale Foule par exemple.

L’objectif de mon travail est de créer des ponts entre l’art et le public. Certaines oeuvres abordent des enjeux sociaux ou d’autres thématiques actuelles. Pour le grand public, c’est agréable parfois de se faire tendre une perche différente pour rejoindre l’œuvre, pour parler d’elle.

«[…] les projets spéciaux sont venus pallier le manque d’activités régulières des théâtres..»
– Rosie Belley

Depuis le mois de mars 2020, le milieu des arts et de la culture comme toutes les sphères de la société, est affecté par la pandémie. Quand on sait que la médiation culturelle implique une rencontre, comment s’est déroulée la dernière année?

Rosie Belley : Ça été vraiment particulier dans mon cas. On ne pouvait pas présenter d’activités régulières, c’est-à-dire des pièces de théâtre sur scène avec du public dans la salle. Mais en même temps, il y a plusieurs alternatives qui ont été mise en place, comme la diffusion web de la pièce Le gars de Québec ou les activités entourant le projet Foule. Les projets spéciaux sont venus pallier le manque d’activités régulières des théâtres.

J’ai l’impression que c’était le cas à La Bordée, mais aussi dans le milieu du théâtre en général. Il y a notamment eu le parcours Sans mur ni billets qui a été réalisé par Le Diamant, La Bordée, La Maison pour la danse, le Grand Théâtre de Québec, l’Orchestre symphonique et la Maison de la littérature. Un parcours extérieur où on pouvait aller revisiter nos institutions culturelles, puis profiter d’une oeuvre ou se connecter à ce lieu-là de façon différente. Par exemple, on pouvait écouter Casse-Noisette via un code QR sous le grand lampadaire illuminé au Grand Théâtre.

Bref, c’était un projet qui permettait de rejoindre le public autrement à l’initiative des responsables de la médiation culturelle et des responsables des communications des différentes institutions.

Contribuer à la mobilisation du milieu théâtral

Est-ce que la pandémie a modifié votre perception de votre rôle au sein de votre milieu ?

Rosie Belley : Au cours des derniers mois, je me suis impliquée davantage dans la table théâtre au Conseil de la culture, entre autres dans le comité mobilisation. On s’est demandé ce qu’on pouvait faire pour soutenir notre milieu? On sentait la détresse de tous les artistes, des concepteurs.

Selon des statistiques récentes, 41 pour cent des gens du milieu des arts, des artistes, pensent à changer de carrière. C’est catastrophique. J’ai senti une responsabilité de contribuer à dynamiser le milieu. J’ai regardé ce qui était à ma portée et ce que je pouvais le faire. Par exemple, tenter le plus possible de distribuer les cachets ou impliquer des artistes dans des projets pour qu’il y ait des retombées dans notre réseau.

Retirer des apprentissages comme travailleuse culturelle

Pour le balado #Nouslethéâtre, plusieurs ont fait ressortir la solidarité très présente au sein du milieu théâtral, comme si la pandémie l’avait mis en lumière davantage. Croyez-vous possible de retirer des apprentissages de la période que nous vivons? Ou encore est-il trop tôt pour se prononcer?

Rosie Belley : Non, je pense qu’il est pas trop tôt. Ça dépend. Il y a plusieurs réponses à cette question là. D’un point de vue personnel, quotidiennement dans mon travail, j’ai réalisé qu’après un an de péripéties, de revirements, de situations de changement, je me trouve plus agile comme comme professionnel et j’ai une tout autre perception de la réalisation d’un projet.

En fait, c’est comme si, de facto, j’ai quatre ou cinq scénarios possibles ouverts. Je me mets en mode solution, c’est quoi l’objectif de base du projet? On veut faire vivre une expérience aux gens, mais il y a mille et une façons de faire vivre cette expérience aux gens. Si notre plan n’a pas fonctionné, on a le droit d’être déçu. On a le droit d’être fâchés.

Mais évidemment, on n’est pas au bout de nos peines. Qu’est ce qu’on peut faire? J’ai l’impression d’avoir testé ma résilience. Je dirais aussi que cela nous a obligés à revoir notre façon de faire, la façon dont on communique avec notre public, mais aussi la solidarité entre les institutions, même en dehors de notre secteur.

«[…] j’ai une tout autre perception de la réalisation d’un projet..»
– Rosie Belley

Entrevoir de nouvelles possibilités avec le numérique

En terminant, le théâtre est resté très vivant. Pour exister, il a fallu transformer la diffusion des oeuvres ou encore retourner à des formules qu’on avait délaissé, telles que les radio-théâtre. À défaut d’accueillir le public en salle pour une pièce de théâtre, ce dernier s’est vu proposer des lectures individualisées par téléphone, des télé-théâtres, des webdiffusions en différé, des balados, etc. Il y en a pour tous les goûts. Le public est au rendez-vous!

Les mordus de théâtre seront les premiers à retourner en salle. Pour les nouveaux intéressés, qu’est-ce qui peut être porteur pour développer le public du théâtre?

Rosie Belley : Assurément, il y a plein de choses qui sont porteuses. Le virtuel a permis de ne pas s’arrêter complètement. D’ailleurs, le fait d’avoir la possibilité de présentée une oeuvre théâtrale à l’aide du numérique a fait en sorte de rejoindre un groupe d’étudiants du Cégep de Gaspé.

Je pense que ça pourrait être bonne alternative à offrir à un certain public pour répondre à un besoin. Par exemple, un public plus âgé qui ne sortirait plus en hiver pour au théâtre parce que les trottoirs sont glacés ou encore pour des parents monoparentaux. Lorsqu’on est en région, cela peut être plus difficile de se déplacer pour aller au théâtre, le numérique amène donc des avenues intéressantes pour l’accessibilité de l’oeuvre.

 

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Des contenus numériques du milieu théâtral à découvrir!

Sans scène, sans salle, loin du public, il paraît difficile pour une pièce de théâtre de prendre forme. Et pourtant, les comédiens et les comédiennes, les créateurs et les créatrices, les diffuseurs et les compagnies de théâtre ont imaginé le théâtre autrement pour notre plus grand bonheur : des balados, des radio et des téléthéâtre, des webdiffusions en direct ou en différé, des lectures et plus encore!

Tant de magnifiques contenus à découvrir auprès des organismes culturels de nos régions. Devant cette abondance, c’est difficile de savoir par où commencer! QuébecSpectacles a eu envie de vous donner un coup de pouce et vous propose le dossier thématique #NOUSLETHÉÂTRE, un parcours découverte à partir de nos «contenus coups de coeur» !

Découvrir le dossier thématique #Nouslethéâtre

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