Raphaël Dubé : faire découvrir la musique de concert
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Raphaël Dubé : faire découvrir la musique de concert

L’envie de découvrir la musique de concert vous habite? Mais, par où commencer? Certains sont d’avis que l’émotion est la corde sensible qu’il nous faut faire vibrer pour s’ouvrir à ce qui nous est inconnu. D’autres penchent du côté de la connaissance; quand notre curiosité est piquée, notre esprit s’ouvre à la nouveauté. 

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Publié le : 22 novembre 2019

L’envie de découvrir la musique de concert vous habite? Mais, par où commencer? Certains sont d’avis que l’émotion est la corde sensible qu’il nous faut faire vibrer pour s’ouvrir à ce qui nous est inconnu. D’autres penchent du côté de la connaissance; quand notre curiosité est piquée, notre esprit s’ouvre à la nouveauté. S’y intéresse. Si émotion et découverte sont réunies, il y a fort à parier que vous serez conquis par la musique de concert!

C’est le pari que fait le violoncelliste Raphaël Dubé en préparant un concert mettant à l’honneur la musique de Robert et de Clara Schumann.

Tour à tour musicien d’orchestre, chambriste ou soliste, Raphaël Dubé est membre des Violons du Roy depuis 2008. Notre équipe l’a rencontré pour discuter de l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la musique de chambre romantique, le «Quatuor avec piano» de Robert Schumann et, surtout, de l’histoire fascinante de ce couple de musiciens célèbres.

L’histoire de Robert et Clara Schumann est fascinante. Ils sont des musiciens incontournables de l’époque du romantisme musical, période qui s’étend du début du XIX° siècle (1820) jusqu’au début du XX° siècle. D’où vient cette fascination?

R.D La fascination pour les Schumann vient sans nul doute de leur histoire de vie. D’abord, celle de Clara qui était la fille de Friedrich Wieck, célèbre professeur de piano. Il travaille à faire d’elle une concertiste prodige alors qu’elle n’a que cinq ans. Or, un certain Robert Schumann fait partie des étudiants du professeur Wieck. La genèse de leur histoire remonte donc à l’époque où Robert prenait ses cours de piano. Jeune enfant, Clara a développé une fascination pour Robert qui est devenue réciproque au fil du temps.

Et ils sont devenus amoureux! Le jour des 18 ans de Clara, Robert a demandé sa main à son père, mais celui-ci l’a refusé catégoriquement. Ce refus a dégénéré en une saga judiciaire qui a duré trois ans. Un jugement a été rendu et, finalement, Robert et Clara ont pu se marier!

Cette histoire est d’autant plus spéciale quand on repense à l’époque où elle s’est déroulée. Cela a-t-il influencé leur musique?

R.D Leur amour était profond. Dans cette fascination qu’ils avaient l’un pour l’autre, il y a une grande poésie. Ce lien intime, cette poésie est au cœur de leur langage musical, surtout celui de Robert. D’ailleurs, cela influençait son travail de composition, car il mettait à l’honneur les textes de poètes de l’époque. Le langage musical de Robert Schumann est assez surprenant. On peut même parler de grands contrastes. Une musique empreint d’une sensibilité à fleur de peau, mais avec de grands coups d’éclats.

Comment l’activité musicale du couple s’est-elle créée?

R.D Il faut se rappeler que Clara était beaucoup plus jeune que Robert. En vieillissant, il a développé des problèmes de bras et d’articulation. Il n’a pas pu poursuivre sa carrière de pianiste. C’est Clara qui jouait ses oeuvres.

Raphaël, tu as fait la conception du concert «Chez les Schumann». Pourquoi avoir choisi de mettre en lumière la musique de Robert et Clara?

R.D Je suis parti de la pièce Quatuor avec piano de Robert Schumann. J’adore son mouvement lent absolument magnifique. L’oeuvre commence avec un solo de violoncelle. Je me suis demandé aussi comment pourrait s’intégrer la musique de Clara. Et je suis tombé sur un trio avec piano duquel j’ai retenu deux extraits.

Je me suis arrêté à la poésie, celle de leur musique et celle de l’époque. C’était très présent dans les milieux que fréquentait Robert Schumann. Il était un habitué des salons où les discussions philosophiques, la poésie et les textes animaient les soirées.

Lors du concert, les mots vont être projetés dans une traduction française pour comprendre exactement de quelle manière le texte permet de comprendre l’intention du compositeur à travers la musique.

On connaît mieux les musiciens qui seront mis à l’honneur dans le concert «Chez les Schumann» qui est proposé dans la formule Apéro par Les Violons du Roy. Est-ce que cette formule de concert contribue également à la découverte de la musique de concert?

R.D Tout à fait! Si une personne n’a jamais assisté à un spectacle de musique de concert dans une grande salle, elle peut être moins confortable. Mais avec la formule Apéro, cela peut devenir un belle occasion! Je parlais d’intimité, même de sensibilité à fleur de peau dans la musique de Robert Schuman.

Le concert en formule Apéro se déroule dans un contexte qui est très intime. Il y a environ 120 personnes dans la petite salle d’Youville. On parle avec le public, on présente les œuvres aussi avant de les jouer. Il y a quelque chose de très sympathique. C’est un rendez-vous autour de la musique de concert dans une formule 5 à 7. C’est une très belle façon de l’apprivoiser.