Q et R avec Paule-Andrée et Lou-Adriane Cassidy
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Musique

Q et R avec Paule-Andrée et Lou-Adriane Cassidy

Le premier souvenir que vous avez l’une de l’autre sur scène? Paule-Andrée : Mon premier souvenir de Lou dans un contexte de « spectacle », c’était lors d’une soirée privée réunissant plusieurs musiciens alors qu’elle avait 3 ans. Elle avait pris le micro et raconté des histoires pour éviter de chanter! 

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Lou-Adriane Cassidy
21 novembre 2017

Le premier souvenir que vous avez l’une de l’autre sur scène?

Paule-Andrée : Mon premier souvenir de Lou dans un contexte de « spectacle », c’était lors d’une soirée privée réunissant plusieurs musiciens alors qu’elle avait 3 ans. Elle avait pris le micro et raconté des histoires pour éviter de chanter! Par la suite, comme j’invitais souvent Lou à venir me rejoindre en spectacle pour une ou deux chansons, j’ai plusieurs souvenirs d’elle enfant sur diverses scènes, ici et en Europe. Mais mon premier souvenir réel comme spectatrice, la première fois qu’elle m’a impressionnée, c’est lorsqu’en 1re secondaire, elle a chanté La voix humaine sur la scène du Théâtre Petit Champlain. C’était un concert de fin d’année de la Maîtrise des petits chanteurs de Québec. Elle était probablement la plus jeune et elle a fait sa prestation avec un aplomb incroyable! Elle avait déjà son timbre et une gravité étonnante.

Lou : Je n’ai pas vraiment de premier souvenir de ma mère sur scène, toutes les images se mélangent. Du plus loin que je me souvienne, elle m’a toujours traînée avec elle, en répétition ou en tournée. J’ai de la difficulté à mettre le doigt sur un événement précis, parce que ça a toujours été présent dans ma vie. Je crois que les souvenirs qui m’ont le plus marquée, ce sont les tournées où je l’ai accompagnée, autant pour les rencontres et les apprentissages que j’y ai faits que pour voir ma mère dans un contexte si différent de celui de la maison. J’ai eu la chance de découvrir non seulement la mère, mais aussi la chanteuse. Ça a été un environnement extrêmement inspirant.

Une chanson de votre répertoire à laquelle le public réserve une réception qui vous surprend?

Lou : J’irais plutôt avec une anecdote précise. Je donnais un spectacle au Festival d’été de Québec, et j’y ai fait une reprise de Va-t’en pas de Richard Desjardins. Comme c’était un spectacle extérieur, j’avais peur de perdre l’attention du public. Finalement, c’est la chanson que les gens ont le plus applaudie. J’ai réalisé que j’avais souvent tendance à sous-estimer la capacité d’écoute du public.

Paule-Andrée : Je crois que c’est probablement l’affection que les gens ont pour Loretta, la jeune tueuse en série de La malédiction de l’Ascension. Je rencontre souvent des gens très doux, très civilisés, très diplomates, qui me disent espérer que je la mette au programme lors du concert. Ça m’amuse beaucoup! Ça m’étonne, mais ça me fait plaisir.

Quelques salles de la grande région de Québec, de Chaudière-Appalaches et de Charlevoix auxquelles sont associés des souvenirs particuliers pour vous? Et pour quelles raisons?

Paule-Andrée : Il est clair que la salle avec laquelle j’ai la plus longue relation est le Théâtre Petit Champlain. Je suis allée y voir des chanteurs qui m’ont marquée dès l’adolescence, j’y ai créé tous mes spectacles, j’y ai participé à plusieurs projets spéciaux, et c’est aussi par des rencontres au Théâtre que j’ai commencé à donner de la formation. C’est sûr que je me sens vraiment à la maison à la Maison de la chanson.

J’ai par ailleurs des souvenirs importants associés au Grand Théâtre. J’y ai chanté plusieurs fois avec l’Orchestre symphonique de Québec, quand même! C’est un plaisir assez grandiose. C’est comme porter un vêtement exceptionnel, avec des textures tellement riches… J’y ai aussi travaillé tout récemment sur un projet à une toute autre échelle avec les chansonneurs de Destination Chanson Fleuve, et c’était vraiment un beau moment.

Parce que j’y ai enregistré un disque, le Palais Montcalm a également une place particulière dans mon parcours. J’y ai de plus vécu de beaux projets collectifs. Le fait de pouvoir jouer avec l’aménagement de la petite salle permet d’occuper l’espace autrement, et c’est quelque chose qui provoque des changements dans l’interprétation.

Enfin, même si c’est une salle où je ne vais pas si souvent, j’ai un petit faible pour L’Anglicane. Le plafond haut, l’espace épuré, l’approche de la direction aussi. Il y a quelque chose dans ce lieu qui met la sensibilité en valeur.

Mais cela dit, j’ai des souvenirs dans de nombreuses salles de la région. Seulement dans les 18 derniers mois, j’ai vécu des moments marquants dans des salles aussi diverses que le Petit Théâtre de Québec, le studio d’Essai de Méduse, le pavillon Pierre Lassonde, le Périscope et le Centre Vidéotron!

Lou : Plein! Le Théâtre Petit Champlain, d’abord, parce que j’y suis allée pour voir ma mère, puis pour chanter avec elle. Au secondaire, on faisait notre spectacle de fin d’année là! C’est une salle où j’ai vu beaucoup de spectacles. Ça reste une de mes salles préférées au Québec.

Le Grand Théâtre de Québec, aussi, parce qu’ayant fait partie d’une chorale pendant tout mon primaire et mon secondaire, j’ai chanté plusieurs fois là-bas. Le printemps dernier, j’ai participé à la pièce de théâtre Venir au monde d’Anne-Marie Olivier, et on a donné 20 représentations à la salle Octave-Crémazie. Ce type d’expérience relie directement les souvenirs au lieu.

Que représente pour vous le fait d’aller à la rencontre du public?

Lou : Pour moi, chaque spectacle est un échange et une rencontre. C’est extrêmement nourrissant, et c’est par là que je retrouve le plus le contact avec le public. C’est là qu’on sent le lien concret avec les gens.

Paule-Andrée : Je suis d’accord avec Lou sur le fait que c’est une rencontre, une relation. Mais c’est difficile à expliquer. C’est mystérieux et plein de paradoxes! C’est à la fois la maîtrise et l’abandon. C’est un rituel, mais c’est toujours neuf. C’est essayer de « faire œuvre utile » et d’« échapper à l’utile ». C’est avancer autant les bras ouverts que le majeur levé.